Avant qu'il ne soit trop tard, parce que la pièce ne se donne que jusqu'au 28 janvier, et pour l'amour d'Oscar Wilde, voici un résumé vaguement engagé de sa pièce L'importance d'être constant, Théâtre Antoine, dans le Xème. La pièce, mise en scène par Pierre Laville est interprétée, entre autres, par Lorant Deutsch, Frédéric Diefenthal et Macha Meril. A vous de voir !
photo extraite de Wilson's Almanach, www.wilsonsalmanac.com/book/oct16.html
Etre ou ne pas être « constant » ? Quel jeune homme peut s’en prévaloir ? Question capitale, ou plutôt question de lettre capitale… Oscar Wilde démontre par l’absurde que pour conquérir une jeune fille de haute extraction, il est nécessaire… de s’appeler Constant.
A la fin du XIXe, deux gentlemen se découvrent un stratagème commun. Algernon s’est inventé un ami invalide dans le bocage anglais afin d’échapper aux corvées mondaines ; Jack s'est créé à Londres un frère dépravé, Constant, alibi rêvé contre la bienséance nécessaire à l’éducation provinciale de Cecily, sa jeune pupille. Dissimulation, travestissement, tout leur est bon pour s’affranchir de leurs obligations. Et quand, comble de tout, l’amour s’en mêle, à quelles extrêmités ubuesques le souci de plaire pousse ces noceurs ? Au baptême, pardi, avec l’espoir secret, en devenant Constant, de convaincre Gwendolen et Cecily de les épouser ! Qui donc, des hommes menant avec insouciance leur double vie, ou des femmes, prêtes à tout pour la sonorité d’un prénom, détient la palme de la frivolité ? Si, comme le dit Wilde, « C'est du spectateur et non de la vie que l’art est en fait le miroir », nous avons du souci à nous faire !
Cet Irlandais grand teint, également citadin raffiné, écrivit cette comédie au tournant d’une vie qui bascula brutalement de la légèreté au drame. Il y dénonce avec humour les travers de la société anglaise, dont il demeura le poète maudit, frappé d’ostracisme en 1895, l’année où sortit cette pièce. L’intrigue, improbable, se noue fil à fil, lentement d’abord, avant d’exploser dans un dénouement hilarant. Servie par Lorant Deutsch, campant un Algernon virevoltant et cabotin et Frédéric Diefenthal en Jack rattrapé par son histoire, la pièce est surtout portée par Macha Méril, magistrale. Ses reparties sont cinglantes et savoureuses. Les jeunes filles ajoutent au rythme de l’intrigue celui de leurs caprices, avec maîtrise et fraîcheur, tandis que les domestiques jouent avec un plaisir contagieux la carte de l’absurde, venu se nicher jusque dans les détails. Au final, ce casting osé fonctionne à merveille.
Wilde a dit « C'est toujours un tort de donner des conseils ; en donner de bons ne vous sera jamais pardonné ». J'ai très envie de provoquer Wilde en vous conseillant d'y faire un saut...
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