J'ai encore passé une partie de la journée à écrire des textes... Quand on acquiert un style, des tournures de phrase, il est bien difficile de s'en défaire. Pour moi, le rythme et les sonorités sont primordiaux, et je pense de plus en plus à la possibilité de les mettre en musique. Encore faudrait-il que je reprenne le solfège que, de guerre lasse, on m'avait autorisée à abandonner lorsqu'à l'âge éminemment respectable de six ans, j'ai décrété que le violoncelle était l'instrument le plus dissonnant du monde, et que seule m'amusait le moment, trop court, durant lequel j'enduisais les fibres de l'archet d'une sorte de wax... Je me suis toujours demandé, depuis, si c'est la même qui sert à farter les skis et autres snowboards ou dont on enduit les planches de surf sur la plage. Qui, si mes souvenirs d'adolescence sont encore fiables, s'appelle sex wax. Et pourquoi "sex wax", d'abord ? Pourquoi son inventeur, Mr Zog, à en croire la marque, a-t-il donné le doux nom de "cire sexuelle" à de la simple parafine, le produit le moins sexy juste après le beurre... Quoique, mais non... Joli concept marketing, simpliste mais certainement efficace auprès de ces authentiques "wave riders". Peut-être la sensualité de l'onde, l'idée du contact avec l'eau, ce rapport ambigu de respect, la notion sacro-mystico-transcendentale de "communion" avec l'élément aquatique, et sans doute, aussi, moins avouable mais tellement plus crédible, le fantasme de la domination du surfeur sur la vague, et enfin, de retour dans le monde des mortels, c'est-à-dire sur la plage, munis de leur planche, cet attribut dont on pare les dieux sur tous les spots du monde, de La Torche à Hendaye en passant par Honolulu, la jouissance de sentir dans leur sillage waxé tous les regards des enfants, des adolescentes et des bimbos décrépies se tourner. D'ailleurs, ces regards sont tous très différents : la déférence et le respect dans les yeux des gamins, et la satisfaction de se dire : "moi aussi plus tard, j'aurai cette virilité brute et sauvage, je sortirai du bureau, j'enfilerai le maillot Villebrequin de mon papa, et je dompterai la vague, je serai le poor lonesome cow boy des mers du monde et de temps en temps, je reviendrai sur terre pour faire morfler les filles, pour qu'elles meurent toutes d'amour pour moi sur cette plage sans que j'aie à leur jeter un regard...surtout pas, ou alors juste un regard mortel, un regard qui les tue direct"; dans le regard des lolitas, c'est autre chose : le désir à la fois formaté et débridé qui obéit à un reflexe, du genre stimulus-réponse. C'est hormonal et quasiment prescrit à cet âge là, toutes les adolescentes du mondes fantasment sur les surfeurs, et ça ne date pas d'hier, je sais de quoi je parle. Quant aux bimbos défraîchies, le regard est à mi chemin entre la tentative du regard fatal, qu'elles n'ont jamais bien maîtrisé, à leur grand dam, et du regard torve et lubrique, dans le genre "toi mon lapin, tu perds rien pour passer à la casserole...Ce soir, je mets mon plus beau short à franges",et toutes sortes de digressions sordides ou pathétiques selon le point de vue, dont je vous fais grâce ici. Oui, parce qu'en fait, la bimbo vieillissante est comme moi, sa tête est pleine de circonvolutions, mais les thèmes en sont généralement moins variés. Quoiqu'il en soit, l'inventeur de la sex wax a usé avec succès de l'injonction du marketing à la "sexy-tude" et autre convocation du glamour dans les préoccupations triviales de la vie quotidienne. Mais reprenons le fil... La note se voulait musicale !
Demain, c'est décidé, j'appelle Pierre G, dont le premier album, de l'autre côté, est sorti à la rentrée. Aucun rapport avec les surfeurs, du moins pour autant que je sache. J'ai vu cet après-midi sur son site http://www.pierreguimard.com/ qu'il passe dans l'émission de Naguy Taratata le 19 janvier prochain. Il est apparemment en lice pour être élu meilleur jeune talent de l'année par Paris Match et quelques autres media. Toujours est-il que je l'ai revu à un concert au Réservoir avec Sophie l'hiver dernier, avant la sortie de son album... Souvenirs de Verneuil, de Notre-Dame, et tant pis si je vends la mèche, s'il ne souhaitait pas que ses groupies sachent qu'il vient d'un lycée privé construit dans le parc du chateau d'Alexis de Tocqueville, dans une petite ville du nord des Yvelines, au même titre que Benoît P, et tous les autres membres de Kyo ainsi que de Vegastar. C'est dit, c'est écrit, toute cette petite clique, qu'elle s'en défende ou non, n'a pas eu une enfance trop défavorisée de ce point de vue... Mais c'est assez sympa d'entendre à la radio des morceaux qui vous parlent de vos souvenirs, des cours d'EPS qu'on séchait pour aller retrouver son amoureux au fond du parc, des trains de banlieue au départ de Saint Lazare qui nous ramenaient à la case Clairières de Verneuil, le long de cette forêt qui bordait nos jardins. Certaines fois, le samedi matin, on se faisait un petit dej dans l'esprit Ricorée sur la terrasse, et on voyait passer, furtifs mais aussi curieux que nous, un groupe de chevreuils.
J'ai donc décidé de contacter Pierre afin de lui soumettre mes textes, lui demander quelques conseils, quelques pistons peut-être ou quelques noms dans le petit monde des auteurs compositeurs français. Sait-on jamais... Quand j'écoute les textes de certaines chansons qui passent à la radio, je suis parfois effondrée par la platitude des textes, la tristesse des rimes, la pauvreté de la langue. J'aime faire danser les mots, les coupler par paires, les sortir de leur contexte, les entrechoquer, les frictionner ensemble, parfois de force pour susciter une réaction chez mes lecteurs. Ebullition ou électricité statique, toutes les réactions sont intéressantes. C'est parfois sans doute un peu trop écrit...J'ai le sentiment que la chanson française actuelle ne garde que la quintessence du texte, la substantifique moelle du message, si pauvre soit-il ? Qu'êtes vous devenus Brassens, Barbara, Gainsbourg Léo Ferré ??! Répondez moi !
Je regardais aussi ce soir une émission de musique sur Direct8, avec Clarika, la Grande Sophie, et deux jeunots de la nouvelle scène française, Florent je ne sais quoi avec son nouveau titre "Rio Baril" et Mehdi qui chante en anglais, comparé apparemment à un Lenny Kravitz à la française.. Et pourquoi pas ?!
Tout ça me donne la pêche, j'ai envie de sortir, de rencontrer du monde dans ce milieu, de chercher quelques pistes et, idéalement, de glâner quelques conseils pour percer dans ce petit monde. Et si je demandais à Sophie de m'accompagner ?
Allez, bisouille
Ern
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